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Résumé du Comité de forêt 10/2022


La tournée de terrain du comité de la forêt domaniale de Verrières s'est tenue le 7 octobre 2022.  Nous y étions et présentons notre compte-rendu commenté.
 
 
Présents :  
- ONF : Messieurs Béal directeur de l'office Paris-Ouest, Martin et Sivry, Mme Nowak, un technicien et un technico-commercial.
- Élus de Verrières-le-Buisson : M. Trébulle maire et président du comité, M. Mordefroid en charge du développement durable.
- Agglomération Paris-Saclay : Mme Weiss en charge de l'agriculture et de la forêt.
- Les associations : Les Amis du Bois de Verrières ABV (la présidente et un membre), Les Amis de la Vallée de la Bièvres (le président), le TUVB (le président et un membre), le club de randonnée (le président).
- Parties invitées mais absentes : la municipalité de Châtenay et la police.
Durée: 8h30 > 11h30.

Comité de forêt en présence de l'ONF, des élus et des associations
 
Préambule : Le Comité de forêt dédié à la gestion de la forêt de Verrières s’est tenu au carrefour de l’obélisque, puis sur une parcelle et un chemin forestier. Nous regrettons l’absence de documents de gestion présentés par l’Office National des Forêts, avant la réunion. Près d’un mois après ce rendez-vous, nous attendons une communication sur le sujet.
Il ne nous a pas été transmis, les annexes du plan de gestion 2004-2023, ainsi que le détail des volumes de bois récoltés depuis 2004,
malgré nos demandes répétées.
 

I.Mise en place d'un réseau de placettes par l'Onf

1) Travail de comptage des arbres avec bornes géolocalisées, marquages pour suivre leur évolution. Contrôle tous les 10 ans (% des essences, arbres morts, croissance).
  • ONF : Explication de la sylviculture, travail en futaies irrégulières depuis 2017 en IDF pour des raisons sociétales. Vente de bois sur pieds et non plus façonnés. Le plan de gestion est construit en amont avec les élus et les associations. 
  • 👉Nous faisons remarquer n’avoir jamais été sollicités à cette gouvernance. 
  • Communauté Saclay : Comment ce plan s’élabore-t-il, quels critères ? 
  • ABV : Critères de biodiversité ?
L'ONF reconnait que les petites forêts d’IDF rapportent peu économiquement, mais ne semble pas pour autant abandonner leur exploitation. « On ne peut pas laisser le bois dépérir ! La forêt est entretenue par l’homme depuis plus de 500 ans. La coupe d’un arbre n’est pas qu’économique ».
👉 La justification des interventions d’entretien peine à nous convaincre, à la fois par l’importance de ces coupes et la tension exercée sur la demande en bois.
 
2) Question ABV : La notion de paysage est une notion centrale pour l’ONF. Pourtant, la vision des sols est dégradée après les travaux forestiers.  
  • L’ONF entend faire son possible, mais en dehors des périodes de nidifications, des naissances, de la croissance végétative, ils reconnaissent travailler, malgré des conditions climatiques défavorables (sols détrempés). Les vélos occasionneraient plus de dégâts. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’Office  incite le public à rester sur les chemins principaux, en laissant des bois au sol (rémanents), évoquant la sécurité, la préservation des sols et la tranquillité de la faune. 
Ornière sur sol détrempé après les travaux forestiers de l'ONF

👉Certains cyclistes, certes, ne respectent pas les chemins, mais cela reste marginal, comparé aux conséquences de la mécanisation des travaux : tassement, imperméabilisation des sols, perturbation du cycle biologique par la pression des machines, largeur des cloisonnements de 4 mètres. Et même si l’ONF nous rassure en évoquant leur périodicité tous les sept ans, des ornières sont encore visibles après plusieurs dizaines d’années.
Les objectifs des forestiers sont de plus en plus orientés vers la rentabilité, sans prise en compte du caractère paysager de la forêt. Cette conséquence est le résultat des obligations de rendement de l’État et des économies imposées à l'ONF, en remplaçant de plus en plus les travaux à des sous-traitants, moins formés. Résultat : davantage de dégâts lors des chantiers d’exploitation.

3) Questions ABV : A combien estimez-vous le taux de régénération naturelle de la forêt de Verrières ?
  • M. Béal précise que les estimations sont prises à partir des cartographies de l’ING et des relevés par les forestiers.
  • ABV : Le hêtre commun, le chêne pédonculé, l’érable sycomore, le frêne et châtaigniers sont des essences principales en FD de Verrières, et d’après la revue Nature Climate Change menacées de disparaitre par le réchauffement climatique d’ici 2050. En une décennie, l'état des forêts françaises s'est dégradé : leur mortalité a augmenté de 54%, d'après l'Inventaire forestier national et l’absorption du CO2 a chuté de 50% (rapport du Haut Conseil pour le Climat 2022).
La prise en compte de ces éléments -- prélèvements vs renouvellement -- est espérée pour le prochain plan de gestion en 2023.

II.Qualité et valorisation des bois

1) Question ABV : Quelle est la part du Bois énergie, Bois d’industrie, Bois d’œuvre ?
 
Coupe de bois - automne 2022
 
  • ONF : En 2021, le volume récolté s’élève à 2 500 m3 :
- 1 400m3 en Bois de chauffage (bois bûches*) soit 56% => revendus 40€ m3
- 250m3 de Bois énergie (pellets) soit 10% => 50€ m3
- 510m3 de Bois d'industrie (trituration, copeaux, pellets) soit 20,4% => 40/45€ m3
- 340m3 de Bois d’œuvre (grumes) soit 13,6% => 500€ (jusqu’à 800€ pour les très belles qualités).

La part de la vente directe aux particuliers de bois bûches n’a pas été communiquée.
 
 👉 Le bois énergie : remplacer une énergie fossile par une énergie carbonée est de loin la solution pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de microparticules, bien que cette notion ne soit pas suffisamment partagée, notamment par l'élu en charge du développement durable. D’un point de vue économique, le Bois énergie est peu valorisé sur notre territoire. Le bois est vendu à bas prix et écologiquement un désastre, par la destruction du puits de carbone essentiel à la lutte contre le dérèglement climatique. La hausse de la demande liée à la crise énergétique et les tensions mondiales risquent d’accroitre les objectifs de prélèvements et le chauffage au bois.
 
 
 2) Question ABV : label UE. Où partent les grumes de chênes ?
  • ONF : Les plus belles grumes seront vendues aux enchères et transformées en tonneaux en France. Depuis 2019, le label « Transformation UE » garantit des ventes de chênes non transformés dans l’UE en forêts publiques. 
  • ABV : Nous indiquons que le label peut être facilement contourné par le biais d’intermédiaires qui revendent le bois hors de l’UE (> Chine) au plus offrant, par l'intermédiaire d'entreprises écrans. L’ONF reconnait les failles du dispositif et précise l'existence de contrôles pris au hasard. Une bien maigre explication ! 
 
 
 
 
Octobre 2022
 
3) Intervention ABV : 
Pour avoir des forêts qui remplissent leur rôle environnemental, il faudrait stocker plus de carbone, et plutôt que d’augmenter les récoltes, laisser présents plus de vieux arbres qui stockent davantage que les jeunes forêts (études allemandes 2015 et américaines 2020). Laisser pousser les arbres participe à atténuer les conséquences du changement climatique.
La Cour des comptes dans son rapport demande d’investir plus dans les forêts en termes économiques et en performances environnementales. Elle constate que les services écosystémiques ne sont pas pris en compte. Une nouvelle fiscalité écologique pourrait inciter à améliorer ces bienfaits. La fondation sur la recherche en biodiversité indique que les services écosystémiques ont été évalués à 1000€/ha/an. 18% de nos écosystèmes sont dans un état de conservation favorable, 35% des espèces sont en danger. Il faut faire mieux. L’Union Européenne dans son projet « Stratégie biodiversité et forêt » encourage des pratiques plus vertueuses.
  • ONF : Il est envisagé de laisser des îlots de vieillissement dans certaines parcelles, sans préciser les parcelles concernées, ni le nombre d'îlots de vieillissement. La RBI (réserve biologique intégrale de 42ha) comporte de nombreux vieux arbres.
Coupe sanitaire parcelle 118 - hiver 2021
 
👉C’est une bonne chose, mais cela reste très en-dessous des engagements pris par la France et des recommandations de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), à mettre en réserve 10% de la surface pour chaque type d’écosystème. Seuls quelques pour mille des surfaces de forêts gérées par l’ONF bénéficient du statut d’aire protégée.
 
 
4) Mairie de Verrières : Acquisition de parcelles par la ville pour des futurs jardins. Aucun projet immobilier, la zone reste agricole. M.Trébulle souhaiterait que les accès côté Châtenay diminuent pour limiter le trafic routier. Les projets de voies cyclables sont retardés côté Verrières, plus avancés sur Châtenay. Selon lui, les voies ne comporteront pas d’éclairage public.

5) Lauriers du Caucase : Le président des Amis de la Vallée de la Bièvre pose la question des lauriers.  
  • L’ONF reconnait leur caractère invasif, mais leur éradication aurait un coût économique.
  • 👉L'entretien n'est-il pas une des missions de l'ONF ?
    Lauriers du Caucase au Pélican Noir, chemin de Verrières

6)  ABV : L’entreprise du Pélican Noir (ex. CNRS) n’a pas vraiment sa place. La route pourrait être fermée. Nous pensons que ce terrain pourrait revenir à la forêt et servir de compensations de proximité liées au déboisement du Tram 10. 
 
  • M.Trébulle explique qu’il faut voir avec la ville de Châtenay, lieu du déboisement.
 

Bien entendu, ce sont là les points essentiels discutés durant ce Comité. Nous aurions aimé aborder les autres sujets d’actualité, la lutte contre les incivilités (rodéos, déchets sauvages, agressions), les accès à la  circulation-- brièvement évoquée en toute fin de réunion par le maire de Verrières --, la barrière continuellement ouverte côté Châtenay, mais le temps nous a manqué.

 

III.Conclusion 

Si la perception des citoyens a évolué, c’est en réponse à certaines pratiques depuis plusieurs décennies : mécanisation, conséquences sur les sols et le paysage forestier, coupes sanitaires et de sécurité en augmentation, diminution du nombre de forestiers.

Le dialogue avec les associations, les experts et les scientifiques est insuffisamment pris en compte par les acteurs de la forêt. Pourtant l’utilité des associations a toute sa place, puisqu’à travers leur engagement et les valeurs liées à l’écologie, elles interviennent, participent, agissent pour l’environnement, et sont le porte-voix des citoyens. La gestion forestière ne peut être de la seule responsabilité du gestionnaire. Les décideurs territoriaux, les élus locaux, porteurs de l'intérêt général, ont un regard croisé dans les processus de décision, notamment à l’échelle du territoire. La politique forestière devrait être plus au cœur des débats, elle concerne pleinement les élus.
 
En faveur de la préservation de la forêt et de sa biodiversité, il serait nécessaire que certaines pratiques changent. L'ONF, l’État devraient privilégier la spécificité de nos petites forêts urbaines, dont Verrières, d’une protection forte, au même titre que les monuments.
Cesser de considérer la forêt de Verrières comme une ressource économique, ou pour sa fonction uniquement sociale. Arrêter son exploitation serait un symbole fort et un espoir pour l’avenir de cet écosystème fragilisé, en associant l’Office dans sa mission d’accueillir le public et de protection de la biodiversité. Un Office National des Forêts au service de la forêt et du public.
La forêt de Verrières est un bien commun, nous défendons ce patrimoine !
 
Les Amis du Bois de Verrières

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