Ad Code

A la une

En forêt avec Louis VALLIN de l'association A.R.B.R.E.S

Introduction

Le stress sur les arbres dû à l'augmentation des températures d'1.2°C est déjà perceptible.
La forêt est perçue comme une ressource minière, et non un patrimoine à protéger et à transmettre. Ce mode de sylviculture appauvrit les sols et met en danger la biodiversité.
Le contexte forestier se trouve face à un avenir inédit.
 
La promenade en forêt organisée par les Amis du Bois de Verrières et animée par Louis VALLIN de l’association A.R.B.R.E.S sensibilise le public des menaces sur les forêts, si la hausse des températures s’accentue.
 

Le temps pluvieux n’a pas empêché la sortie. A 9h45, au carrefour de l’Obélisque, Sophie, Odile, Yannick et Hubert des Amis du Bois de Verrières accueillent 24 participants, principalement des usagers de la forêt, habitants Verrières/Chatenay/Châtillon, et des membres d'associations locales, dont Irène Nenner présidente de FNE92 et de CHAVILLE ENVIRONNEMENT accompagnée de JC Denard responsable forêts, Mesdames Couvé et De Saintilan d’ACPE  Châtenay, Stéphane Morel des TRANSITIONS VLB, Michel Tanant ancien forestier ONF à la retraite membre de SOS FORÊT, Bernard Boisson écrivain/journaliste et président de FORÊT CITOYENNE avec Catherine Combaldieu membre également de FORÊT CITOYENNE, ainsi que des membres de CHAVILLE ÉCOLOGISTES.

 

Maladie de l'encre 
Durant le parcours, Louis nous montre les arbres dépérissants, d’autres malades par le changement climatique. Pour lui, il n’est pas nécessaire de couper systématiquement les châtaigniers atteints de la maladie de l’encre. Trop de coupes favorisent son développement, participent au réchauffement de la forêt en compromettant les chances de repousses. Laisser faire la forêt permettrait de réguler la maladie.
Les stigmates du dépérissement sont visibles lorsque les arbres sont en feuilles. Les arbres fragilisés se distinguent par l’absence totale ou partielle de feuilles sur une partie ou la totalité de leur cime.
 

Plus le houppier des arbres est dense, plus la forêt est en bonne santé. Trop réduire le couvert forestier augmente l’évaporation de l’eau. Le couvert forestier revêt donc une importance majeure !

A l’inverse, le directeur d’agence de l’ONF Paris Ouest, M. Béal évoque « pour que la forêt reste accueillante et vivante, il est nécessaire de pratiquer des coupes et de commercialiser le bois afin que celui-ci soit utilisé », justifiant ainsi les coupes d’éclaircie pour permettre aux arbres de pousser vite et droit. 


Nous observons le chêne sessile et pédonculé, le frêne, le hêtre, le charme.
Louis s’arrête pour nous parler de l’échaudure présente sur un frêne, à proximité du carrefour de l’obélisque. Une longue ouverture verticale de son écorce, comme une plaie ouverte. Il s’agit de coups de soleil sur le tronc. L’écorce éclate, se fissure et met en péril la survie de l’arbre. 
Le soleil couchant est le plus nuisible, car celui-ci brille directement sur le tronc et, par sa chaleur, réchauffe les cellules à une température telle que celles-ci éclatent. Cela explique pourquoi les échaudures sont généralement visibles sur la partie du tronc exposée à l’ouest. 
 
Échaudure sur un frêne

Le lierre grimpant sur les arbres, en plus d’être une plante utile pour les oiseaux toute l'année, y compris en hiver quand il leur offre des baies et leur fournit un abri, est une protection pour l’arbre grâce à ses qualités d’isolant thermique. Le lierre ne nuit pas aux arbres, bien au contraire.

Dans une parcelle (117), nous observons un suintement de tanin noir sur l’écorce de nombreux chênes, sans trop de conséquence mais à suivre ….

Suintement de tanin noir sur les chênes

 
Déboisement vs Compensation : gain réel pour la forêt ?
Pour favoriser le développement du crapaud accoucheur et la protection des zones humides, plusieurs grands chênes et châtaigniers ont été abattus dans la parcelle 118. La création d'une mare, mesures compensatoires du Tram 15, n’était pas indispensable. Elle n’apporte rien à la forêt « c’est une zone humide, qui restera une zone humide ».
Son évolution reste fragile. Le sol fortement compacté et le couvert forestier ayant disparu, les espèces pionnières (sorbiers, bouleaux, saules marsault, aulnes) coloniseront l’espace. Il doute fortement que des chênes puissent pousser dans cet environnement ouvert, avant longtemps. 
 
 
Création d'une mare pour les mesures compensatoires du Tram 15
 
Louis nous explique la cavitation : embolie gazeuse des arbres par le manque d'eau

 
 
Une savanisation de la forêt
Tels sont ses mots pour décrire le paysage chaotique, suite aux coupes sanitaires des châtaigniers et des chênes, dans la parcelle 118 durant l’hiver 2020/221.
Le sol est tassé sur plusieurs dizaines de centimètres de profondeur. Par endroit, la présence de l’eau dans les ornières caractérise son imperméabilité, conséquence du compactage par le passage des engins forestiers dans la parcelle.  Le tassement du sol favorise le développement de la maladie de l’encre qui sévit en Ile de France.
 
Le sol est foutu, saccagé, l’air ne circule plus. Il faudra au moins un siècle pour qu’il retrouve sa structure. Louis Vallin

 

Parcelle 118 après les coupes sanitaires. Quel avenir pour la repousse ?

Les quelques chênes semenciers
présents sont trop éloignés pour espérer une régénération naturelle au milieu de cette zone déboisée. Au loin, nous apercevons une herbe de la Pampa (espèce invasive) présente dans de très nombreux jardins d’ornement durant les années 70-80.
 
Herbe de la Pampa (Cortaderia selloana)
 
 
Plantation d'un jeune aulne glutineux

 
Quelques plantations d’arbres (aulnes glutineux) ont été réalisées par l’ONF durant l’hiver 2022/2023. Ces plantations expérimentales vont transformer le paysage forestier, par l’introduction de nouvelles espèces. Leur avenir avec le réchauffement climatique reste incertain.

Sur les contours de la parcelle, une souche d’arbre recépée. Le forestier, en coupant l’arbre à 30 cm du sol provoque l’apparition de rejets à la base de la souche.
 
 

Réserve Biologique Intégrale (parcelles 88 à 101)
La fin de notre balade se termine à la Réserve Biologique Intégrale (RBI). 
La pluie tombe dru. Nombreuses discussions et échanges entre les promeneurs. 
  
Nous constatons immédiatement une ambiance différente entre la forêt exploitée de celle en libre évolution : nombreux chants d’oiseaux, une stratification végétale fournie et variée, une hétérogénéité du sous-bois, la présence de mousse, de lichens, une couverture forestière ainsi qu’une strate arbustive denses. Le milieu naturel est riche et diversifié. Le sol est aéré, souple, spongieux. Une personne s’étonne de la qualité paysagère, du bois mort, des troncs majestueux.
 
 


Grâce au caractère pérenne de son classement, la réserve biologique intégrale (par arrêté du  10/11/2010) est un laboratoire et un conservatoire d’espèces vivantes. Pour Louis, favoriser la prise de conscience par l’importance de préserver la forêt et la biodiversité, en limitant et en encadrant l'accueil du public, comme dans certaines réserves naturelles, constitue par excellence un site de sensibilisation et un partage des connaissances.
 


Fin de la balade
Dans l’ensemble, le diagnostic de la forêt n’est pas en trop mauvais état.
Mais pour autant, les menaces qui pèsent aujourd’hui sur les arbres, par le dérèglement climatique et la pression de l’homme sont réelles : stress hydrique et thermique, hausse de leur mortalité, ralentissement de leur croissance, ravageurs, exploitation commerciale.
Une large partie des arbres malades va malheureusement mourir, tandis que d’autres non perceptibles aujourd’hui, le deviendront à leur tour demain avec 1,5 ou 2°C de réchauffement moyen.
La forêt pourrait devenir émettrice de carbone (parcelle 118) : plus le réchauffement augmente moins l’arbre absorbe de carbone ; plus le sol est à nu plus il libère le carbone stocké.

👉L’urgence est de s'occuper de la pérennité de nos forêts franciliennes, qui représentent 1,7% des forêts françaises pour 20% de la population. Elles remplissent un rôle social, sanitaire et environnemental plus important en Ile-de-France par la densité humaine et l’artificialisation galopante des sols. 

 
Midi, la pluie cesse, nous repartons vers l’obélisque. Des petits groupes discutent puis nous échangeons autour d’un verre. L’ambiance est conviviale. 
Cette balade a apporté un autre regard sur la nature, nous dit une Verrièroise. 
Notre objectif est rempli ! 😉





 
▶️ Pour aller plus loin :
  • Vidéo sortie avec Louis Vallin

Ad code