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Conférence "La forêt au centre des grands défis du XXIe siècle"

Conférence présentée et animée par Jean-Claude DENARD, responsable Forêts à Chaville Environnement :

  •  Économie et énergie
  •  Bien-être des habitants
  •  Réservoir de biodiversité
  •  Lutte contre le réchauffement climatique
  •  Cycles de l'eau 
 
Conférence JC Denard-19/04/2023  à Verrières-le-Buisson
Conférence le 19 avril 2023 à Verrières-le-Buisson

Introduction sur les fonctions économiques et sociales des forêts
Le code forestier oblige l'ONF à une gestion multifonctionnelle : la fonction sociale, de biodiversité et la production de bois pour les besoins économiques, y compris pour les forêts urbaines.

Or, les forêts sont au centre de CINQ enjeux sociétaux :
1. Économique : besoin de bois pour la société
2. Social : Bien-être et santé publique
3. Réservoir de biodiversité
4. Séquestration de carbone (pas dans les missions de l'ONF aujourd’hui)
5. Filtration de l'eau pour alimenter les nappes phréatiques (pas dans les missions de l'ONF).

Dans ses missions, l'ONF se concentre principalement sur le premier volet économique. Ignorés dans la gestion actuelle, les trois autres enjeux (biodiversité, séquestration de carbone, filtration de l'eau) sont primordiaux, autant que les deux premiers. Or, tous ces facteurs doivent être inclus dans la gestion de l'ONF.

Le bilan carbone de l'exploitation ne fait pas partie de notre travail, directeur de l'agence ONF Paris-Ouest
 
 
Comment mesurer la biodiversité d'une forêt ?
Il existe un outil utilisé par les ingénieurs forestiers et réalisé par le Centre National de la Propriété Forestière (CNPF), appelé l’Indice de Biodiversité Potentielle (IBP), qui permet de connaitre la santé d'une forêt.
Cet outil compile 10 facteurs indiquant le niveau de biodiversité des différentes parcelles d’une même forêt et l'impact de sa gestion. 
 

Indices IBP-Conférence JC Denard "La forêt au centre des grands enjeux du 21e S"
Indices IBP - Extrait de la conférence de JC Denard

 
Sur ces 10 facteurs, les 7 premiers permettent d’évaluer le caractère écologique d'une forêt lié à sa gestion et les 3 derniers le contexte. Jean-Claude Denard (JCD) insiste sur l’importance du bois mort au sol : toute une cohorte d'insectes et de champignons décomposent le bois et favorisent la biodiversité des sols. 
Un réseau de champignons (mycorhizes) s'associe aux racines des arbres dans une relation symbiotique : chacun apporte à l'autre les substances qui lui manquent. Ainsi, l'arbre fournit des sucres aux champignons, en contrepartie drainent pour lui les sels minéraux. Les champignons sont donc des acteurs puissants des cycles minéraux en forêt.
 
Les insectes saproxyliques indispensables à la biodiversité d'une  forêt, contribuent à la bonne décomposition du bois et à la production d'humus. Parmi eux, les coléoptères sont des espèces sapropéliques.

 
👉Qu’a pu observer Jean-Claude Denard en 6 ans d’inventaire IBP dans les forêts de Fausses-reposes et de Meudon ?
  •  Meudon (1 100 ha-dpt 92) : moyenne IBP 71%
  •  Fausses-reposes (630 ha-dpt92) : moyenne IBP 64%
 
IBP forêt de Fausses-reposes
IBP Fausses-reposes - Extrait

 
Le gros déficit pour Fausses-reposes est un milieu trop ouvert (conséquence des coupes), l'absence de bois mort sur pied et au sol. Les considérations écologiques et le bilan carbone de cette exploitation ne sont pas pris en compte par l’ONF. 
JCD : la majorité de ces arbres sont jeunes (environ 50 ans) alors que l’enjeu serait de faire traverser les siècles à une forêt .
La  biodiversité forestière ne peut s'améliorer en intensifiant l'exploitation du bois.
 
 
 
Réchauffement climatique : le problème du bois énergie
👉Environnemental
L'ONF prélève et commercialise du bois pour le valoriser en bois d’œuvre, en bois industrie et en bois énergie. 
D'après l'ADEME, le bois énergie serait une énergie renouvelable, avec un bilan carbone neutre, comparable à l'éolien ou le photovoltaïque.
Il suffirait de brûler un arbre et en replanter un autre pour que le bilan soit neutre. Or, un arbre mettra au moins 60/80 ans à pousser. Le facteur temps et le monde à +4°C ne sont pas pris en compte par l’ADEME. 
 
Le bois énergie est une énergie carbonée. Ses effets ne sont pas neutres pour le climat. En brûlant, le bois libère le CO2. Il participe et accentue le réchauffement climatique. 

Emissions de CO2 des combustibles 1Ga Joule
Émissions de CO2 de divers combustibles
pour 1 Giga Joule d’énergie produite - Extrait de la conférence de JC Denard


 
👉Santé publique
Les particules fines PM10 et PM2,5 provoquent 40 000 morts prématurés par an en France, dont 10 000 en Île-de-France (source AirParif). Une moitié provient du transport routier, l’autre du chauffage urbain.Le chauffage au bois est un problème de santé publique, comme le diesel.
 
 
👉Quel avenir pour le bois énergie ?
L'essor du bois énergie est subventionné par les politiques publiques.
En septembre 2022, le parlement européen vise à exclure la biomasse primaire (issue des arbres entiers) des sources d'énergie dans le mix  énergétique des États membres. Mais pour cela, un accord des 27 pays est nécessaire.


👉Réflexion des ABV :
Les orientations du contrat État/ONF 2021/2025 prévoient un objectif de 60% pour le bois énergie en France. 
Aujourd’hui, la majeure partie des énergies renouvelables françaises provient de la biomasse (55%) sans distinction de la biomasse primaire, de la biomasse secondaire issue de coproduits du bois (rémanents, branchages).
Toutefois, si les émissions de particules baissent régulièrement en Île-de-France, leur niveau reste problématique vis-à-vis des seuils réglementaires et des références sanitaires. Ainsi, en 2018, 47% des particules PM2.5 émises en Île-de-France étaient dues au chauffage au bois individuel. À titre indicatif, selon Airparif (dans son bilan « Qualité de l’air et chauffage au bois en Île-de-France - Diagnostic et scénarisation », publié septembre 2020), une saison de chauffe d’une maison avec un insert ou un poêle ancien émet autant de particules qu’une voiture diesel Crit’Air 5 faisant plus de 200 allers-retours Paris-Marseille !

 
👉Conclusions : établir un bilan carbone de la filière en RÉDUISANT l'exploitation forestière:
  •  Pour notre bien-être à tous
  •  Pour une exploitation durable (IBP de 100%)
  •  Pour lutter contre le réchauffement climatique
  •  Pour préserver et améliorer la biodiversité
  •  Contre la pollution due au bois -énergie
  •  Pour résister aux vagues de chaleur
  •  Pour limiter les effets des sécheresses
  •  Pour préserver les paysages et notre patrimoine


Les arbres et le cycle de l'eau
Les forêts jouent un rôle dans le cycle de l'eau, grâce à l'infiltration dans le sol en rechargeant les nappes phréatiques, et par évapotranspiration sous forme de vapeur dans l'atmosphère. 
La quantité d’eau que rejette un arbre à travers le phénomène d’évapotranspiration est très importante : 1 000 litres d'eau par jour pour un chêne, 75 litres d'eau pour un bouleau. Les arbres jouent un rôle de climatiseur grâce à l'évapotranspiration.
 

 
De quelle forêt voulons-nous ?
La principale inquiétude pour la pérennité des forêts concerne la surexploitation dans les forêts urbaines. Pour Meudon, l'objectif de l'ONF est de doubler le volume annuel des coupes pendant 60 ans et de réduire le stock de bois vivant (décapitalisation de la forêt). 
Les conséquences de cette exploitation mécanisée par des engins forestiers de 24 tonnes et plus, causent des dommages profonds et altèrent le paysage forestier : les cloisonnements d’exploitation de 4m tous les 24m reviennent à déboiser 1/7ème de la surface de la forêt, les ornières et le compactage des sols, le tassement favorise le développement de la maladie de l'encre qui sévit en forêts franciliennes.
L'augmentation des coupes de sécurité pour accueillir le public en forêt, manque de transparence. 

Parallèlement le stress hydrique, les attaques sanitaires représentent une menace pour la santé des arbres et de la forêt.

Si les températures continuent de grimper d'ici 2100, le chêne, emblème de nos forêts disparaitra. Les forestiers plaident pour une « migration assistée » d’essences méditerranéennes vers nos forêts franciliennes. 
 
  • L’homme est-il mieux placé que la nature pour sélectionner les espèces de demain ?
  • Faut-il faire une confiance illimitée aux forestiers pour préserver nos forêts ?
 
La forêt est trop importante pour que son sort soit décidé seulement par les bûcherons.

 
Évaluation des modes de gestion des forêts domaniales urbaines :
Evalutation modes de gestion forêts domaniales IDF
Chaville Environnement
 

 
 
👉Quelques interventions du public :
 
 Le thème des forêts est vaste et vient aussi chercher du côté des interrogations sur quelle société nous voulons, quelles énergies voulons nous privilégier. Faut-il interdire ou dissuader le bois énergie ? Ces sujets abyssaux dépassent de loin ce que l'on peut faire au bois de Verrières avec l'ONF.

 

La problématique des forêts urbaines ou périurbaines d'Ile de France est spécifique mais on la retrouve à l'identique près d'autres métropoles que Paris ... L'adaptation en s'appuyant sur des dynamiques naturelles pour améliorer sa résilience vis à vis du climat futur dont on peut craindre qu'il soit délétère.

 

"Quelle forêt voulons-nous pour demain?" est d'abord une forêt aussi résiliente que possible vis-à-vis du climat futur.

 

  

▶️ Pour aller plus loin :

  • Une pétition contre la surexploitation de la forêt de Meudon est en ligne. Près de 50  000 signataires (mai 2023) l'ont déjà signée. Lien Sauvons la forêt de Meudon  
  • Télécharger la conférence "La forêt au centre des grands enjeux du XXIe S" de Jean-Claude Denard ICI

 

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