Ad Code

A la une

20 ans d'abattage d'arbres à Verrières

Malgré un accroissement biologique en baisse, les prélèvements n'ont pas cessé d'augmenter. Ce mode d’exploitation par l’ONF est-il supportable pour cette forêt urbaine d’Ile-de-France ? 
Parce qu'une gestion se regarde sur plusieurs années, nous vous communiquons le bilan des coupes, sur les 20 dernières années dont 2023, dans la forêt domaniale de Verrières. 
 
 

Le cas de la forêt de Verrières dans les défis de la gestion forestière face au changement climatique  

Les canicules ralentissent la croissance des arbres, et le manque d’eau accroît leur mortalité. Malgré cela, l’exploitation de la forêt affaiblit la ressource en eau et la résistance des arbres. Il est urgent d'adopter des mesures de protection de la forêt de Verrières, en commençant par réduire les prélèvements.

 


Notre analyse critique : l'impact de la gestion forestière sur la biodiversité et la résilience de l’écosystème forestier

De décembre 2023 à mai 2024, l’Office National des Forêts (ONF) prévoit de prélever 1920 m3 de bois. Selon lui, ses coupes sont nécessaires pour éclaircir la forêt, c'est à dire pour apporter de l’espace à la croissance des arbres. Le prétexte invoqué par l'ONF est : « La forêt se régénèrerait naturellement tout en produisant du bois dont la société a besoin
Pourtant, cette pratique est loin de faire l’unanimité parmi les experts forestiers
(1). En effet, l’ouverture de la canopée et la suppression du sous-bois exposent le sol forestier au réchauffement direct et à l'assèchement qui contreviennent à la pousse des arbres.

En outre, les engins lourds détruisent la porosité du sol forestier à l'air et à l'eau.
En quelques heures, ils détruisent ce que la nature a mis des centaines d’années à faire.
 
Printemps 2023 : après le passage des engins forestiers, les atteintes profondes du sol forestier qui a perdu de sa porosité (mare chalot).
 
 
La croissance biologique de la forêt de Verrières est estimée à 2100 m3/an, d'après les données du dernier inventaire forestier 2023 de l’IGN (4,2m3/ha/an). Couper 1920 m3 revient à prélever 91% de son accroissement annuel (2100m3) en six mois !
Les coupes supplémentaires, de sécurité et sanitaires révèleront d'autres incohérences. Au prétexte d’une atteinte sanitaire, seront abattus des chênes et des châtaigniers centenaires et en parfaite santé...


Entre 2003 et 2012, d'après les données de l’ONF, 41734 m3 de bois ont été prélevés. Soit une moyenne annuelle de 2228 m3, très au-dessus du plan de gestion qui prévoyait 1920 m3/an. Durant les dix dernières années (2013/2022), alors que la croissance des arbres est en baisse, les coupes ont augmenté de 15% par rapport à la décennie 2003/2012 (voir graphique ci-dessous).
 
  •  Comment cette augmentation de 15% d'une décennie sur l'autre, pourra-t'elle être reconduite face à la rapidité du changement climatique ?
  • Comment ce plan d’a-ménagement(2), qui a été conçu il y a 20 ans peut-il encore donner des orientations sur les prochaines années, avec la rapidité du changement climatique  ?
 
 
 
Nous venons d'apprendre que le document d’a-ménagement de la forêt de Verrières a été prorogé de 5 années supplémentaires, jusqu’en 2028 ! L'ONF n'a pas jugé utile d'en informer les associations directement concernées, ce qui contrevient à son engagement de dialogue et de concertation, pour respecter la "multifonctionnalité de la forêt urbaine."  

Enjeux environnementaux, sociaux et sanitaires : la nécessité d'une gestion forestière axée sur la protection de la forêt

Le dernier rapport du CITEPA montre que, en 15 ans, le puits de carbone forestier a chuté de 50% en France par rapport à 2010. Le dernier inventaire forestier de l'IGN(3), indique que l'accroissement biologique des forêts s'est réduit de 20%, la mortalité a augmenté de 80% et, pourtant, les prélèvements ne baissent pas. 

Pour répondre aux objectifs financiers fixés par les ministères de l’agriculture et des finances, nos forêts franciliennes restent considérées comme des champs d’arbres à exploiter, et une source d’énergie, avec un rendement maximum à l’hectare.

En Île-de-France, les forêts nous offrent de nombreux services immatériels, autres que ceux issus de la vente de bois et de la chasse.
Elles captent le gaz carbonique et les pollutions de l’air, amortissent, retiennent et filtrent l’eau des pluies, contribuent à ventiler et à rafraîchir les villes trop denses, trop minérales, et imperméables.  Nos forêts sont essentielles à notre bien-être, à la bonne santé de tous les habitants. Avec l’accélération du réchauffement climatique, elles jouent un rôle essentiel dans le maintien des conditions de vie acceptables sur nos territoires.
 
Un tiers du territoire francilien est rendu imperméable par l'urbanisation et les infrastructures. Pour 9 millions d'habitants, les eaux usées et pluviales partent directement dans la Seine, à travers les stations d'épuration. Un autre tiers, celui des sols agricoles, est de moins en moins perméable. De plus en plus de sols agricoles, perdent leur porosité par l'effet de la battance(5) et de la semelle de labour(6).
Reste le dernier tiers, les forêts qui accueillent la pluie, l'amortissent, la filtrent et l'aident à percoler vers la nappe par les racines des arbres. Ce dernier tiers est à préserver impérativement, comme toutes les forêts d’Ile-de-France, très morcelées et menacées par le grignotage urbain et les coupes de bois.
 
Actuellement, des associations de défense de la forêt en Ile-de-France, dont les Amis du Bois de Verrières se regroupent pour un statut spécifique aux forêts urbaines, afin de les sauvegarder durablement.
 
 
 

 
 
👉 Lien vers  le communiqué envoyé aux élus de Verrières-le-Buisson :  ICI
 
 

▶️ Sources :

1. Marie Stella Duchiron spécialiste des écosystèmes forestiers www.sauvegardeforets-idf.org/interview-de-marie-stella-duchiron
2. A privatif et ménagement venant de ménager c’est à dire épargner économiser, respecter. « Nos forêts ne sont pas ménagées par ces plans qui ne les ménagent pas, mais qui bien au contraire, les privent du ménagement dont elles ont besoin » JC Marcus Président de l’Académie Populaire de la Biosphère.
3. Mémento de l’inventaire forestier de l’IGN 2023 inventaire-forestier.ign.fr/IMG/pdf/memento_2023.pdf
4. La battance du sol  : croûte superficielle compacte formée par l'action des gouttes de pluie et le fractionnement des agrégats à la surface du sol. La formation de croûtes entraîne une baisse de l'infiltration de l'eau dans le sol et ainsi une augmentation du ruissellement.
5. La semelle de labour  : couche de sol très dense qui se trouve immédiatement sous les passages fréquents du soc de la charrue. La compaction de surface est moins dommageable que celle de profondeur et est causée par les pneus improprement gonflés, le travail excessif du sol et surtout le trafic de la machinerie.
 

Ad code