Contribution à l'enquête publique du PLUI de VSGP

 


Vallée Sud-Grand Paris a lancé une enquête publique du 30 mai 2024 au 4 juillet 2024 portant sur :

  • L'élaboration du Plan local d'urbanisme intercommunal (PLUi)
  •  La création de périmètres délimités des abords sur les communes de Bagneux, Bourg la Reine, Châtenay-Malabry, Fontenay-aux-Roses et Montrouge
  • La création du zonage d'assainissement des eaux pluviales et des eaux usées.


Ci-dessous, l'avis d'Hubert des Amis du Bois de Verrières :
 
Sensible à l’environnement et membre actif pour la défense des forêts, dont la forêt de Verrières, j’ai lu avec attention les diagnostics et les évaluations environnementales.
En parcourant les centaines de pages de l’épais dossier du PLUI, je me rappelais d’un slogan antinomique du Grenelle de l’environnement « Produire plus de bois tout en protégeant mieux la biodiversité », pour ce PLUI il s’agit « de densifier toujours plus tout en protégeant nos espaces naturels ». 
 
 

Le PADD dit aussi que les nouvelles constructions et aménagements pourront entraîner des fragmentations avec la densification et le renouvellement urbain. Ce développement urbain peut entraîner une pression sur les réservoirs de biodiversité, cela aura des incidences à termes de perturbations et de dégradations écologiques.

Ces constats ou incohérences sont encore lisibles puisque le PADD, clef de voûte du PLUI, a pour objectif de réduire l’empreinte écologique et de protéger, préserver et valoriser les espaces naturels.

Un autre document aux plans imprécis et illisibles nous informe qu’il y a peu d’évolution significatives à noter concernant l’occupation des sols sur le territoire entre 2008 et 2017, les espaces agricoles, forestiers et naturels ont été maintenus. 
Un document suivant précise un léger recul de 1 ha d’espaces naturels depuis 2012. Un peu de sérieux ! La forêt domaniale de Verrières a perdu plus de 4 ha en 2016 suite à la construction de l’Atelier T10 et l’échangeur proche, sans compensation juste et équitable puisque la séquence ERC n’a pas été correctement appliquée, (à savoir le critère de proximité et la compensation du sol forestier). Ce massif à perdu 40 ha depuis 1975. 
Le zéro artificialisation net (ZAN) que vous prenez en référence rappelle que le changement d’affectation des sols est identifié comme l’une des 9 limites planétaires, une ressource finie et non renouvelable dont les changements d’usage impactent les fonctions et services écologiques. J’ajoute que les photos référencées 2022 ne signalent pas ce grignotage, l’atelier du tramway T10 n’apparait pas. Ces photos ont donc été prises avant 2016.

Une autre page signale que « l’artificialisation doit être compensée par une action de désartificialisation » Je souhaite que cela devienne réalité.

Il est reconnu que les forêts sont un potentiel de stockage de carbone à maintenir et à accroître. Force est de constater que la couverture forestière des massifs est en diminution.

1-Les lisières de forêt

Une récente étude européenne nous indique que l’avenir des forêts dépend de leurs lisières. C’est un élément important du paysage, un ourlet forestier riche. Dans un document sur l’évaluation environnementale vous évoquez « que le chemin sylvestre le long de la forêt de Verrières serait susceptible de créer une perturbation par sa fréquentation ».
Je partage tout à fait ce constat. Les lampadaires prévus le long du chemin, même si une absence d’éclairage de 23h00 à 5h00 a été validée, représentent un réel risque et une des causes de l’effondrement de la biodiversité alors que des lampadaires existent déjà sur les parkings de la Butte rouge. Favorisons et augmentons les réservoirs d’obscurité conformément à la loi sur la reconquête de la biodiversité de 2016. 
Nombreuses espèces habitent en lisières et les échanges avec la forêt se font surtout la nuit. Certaines espèces sont lucifuges. Je cite un élément du schéma de cohérence territoriale (SCoT) : le bon fonctionnement écologique du territoire relève des continuités de sa trame noire c’est-à-dire où l’éclairage est absent.

Le bois de Meudon : Dans un document « état initial de l’environnement (je pense), il est écrit que le bois de Meudon est protégé par l’ONF depuis 1965. L’ONF n’est que le gestionnaire mais n’a pas la main pour protéger la forêt. J’aurais souhaité voir dans le PLUI les process en cours des classements de protection prévus initialement pour 2025 des massifs de Meudon et Verrières. 
Le PLUI n’aborde pas non plus les modes de gestion sylvicole dans les forêts périurbaines, ces massifs restent encore trop orientés économiquement alors qu’ils sont de véritables alliés contre le changement climatique et ô combien nécessaires à notre santé. 
Nos élus devraient plus s’investir dans la gestion des forêts de leurs territoires avec les associations pour sauvegarder la forêt et ses écosystèmes et organiser un véritable statut des forêts publiques.


2- Corridors écologiques

Comment ne pas adhérer aux objectifs du SCoT, ils sont essentiels : arrêt de la consommation d’espaces naturels, protéger les grands boisements, mieux respirer et protéger la santé des habitants, œuvrer pour un territoire résilient. L’étendue des activités humaines, la forte artificialisation urbaine des dernières décennies contraignent voire empêchent les possibilités de communication et d’échanges pour la faune et la flore sauvage. Ces fragmentations des habitats naturels sont l’un des principaux facteurs de réduction de la biodiversité. L’enjeu est de limiter cette fragmentation en recréant des liens écologiques, des trames pour permettre aux êtres vivants de circuler, de s’alimenter, de se reproduire, de se reposer et donc d’assurer leur survie et permettre aux écosystèmes de rendre à l’homme leur service.


Les plans fournis reliant parcs et forêts ne sont pas clairs, de larges flèches vertes survolent les habitations. J’aurai aimé savoir comment et où se réaliseront concrètement ces corridors suffisamment larges et arborés avec plusieurs strates de végétation. Un élu qualifiait les bandes de pelouses du tramway comme des corridors écologiques, j’espère que le PLUI à d’autres ambitions. 
Pour éviter les coupures je propose des écoponts par exemple à Chatenay sur la division Leclerc et sur l’A86. Garantir les continuités écologiques est primordial, protéger les réservoirs de biodiversité (SCRE) est majeur, stoppons les grignotages.
 

3- La démarche ERC 

Il est écrit dans le dossier « que ces constatations n’écartent pas la nécessité de poursuivre la démarche Éviter Réduire Compenser (ERC) tout au long des projets, que ceux-ci soient soumis ou non à une évaluation environnementale. Les incidences négatives résiduelles sur le paysage et le patrimoine, mesures de réduction et d’évitement, sont considérées comme très faibles voire nulles ». 
 
C’est là où le bât blesse. Une étude Agro Paris Tech/Cnrs de 2019 déplore que la séquence ERC soit dévoyée. Dans 80 % des cas, la destruction de la nature est mal compensée, l’intérêt général ou l’utilité publique font obstacle à la protection et invisibilisent les autres vivants en favorisant les activités humaines. Les compensations sont faites à minima alors qu’un gain additionnel doit juridiquement être constaté à proximité de l’impact.

Pour ces raisons, j’émets un avis défavorable.