Dans l'édition numéro d'avril de "Verrières et Vous", il est fait mention de l'adage selon lequel "une forêt bien gérée est une forêt en bonne santé, et une "forêt en bonne santé est une forêt bien gérée". Cette assertion semble résonner comme une vérité incontestable, pourtant, derrière cette rhétorique bien rodée se cache une réalité beaucoup plus nuancée.
En effet, cette déclaration semble être une simple répétition des éléments de langage habituels de l'Office National des Forêts (ONF). Elle manque de profondeur et de critique, ne tenant pas compte des enjeux environnementaux et souvent controversés liés à la gestion forestière.
Il est indéniable que l'ONF joue un rôle crucial dans la gestion des forêts, mais cela ne signifie pas que toutes ses actions sont justifiées au regard de la gestion durable. Des questions se posent sur la sélection des arbres à abattre, l'impact sur la biodiversité locale, la destination finale du bois coupé et la préservation de la forêt.
Malgré l'importance de la biodiversité, sa protection reste souvent reléguée au second plan, devant l'objectif de mobiliser du bois. Les pratiques d'exploitation forestière mécanisée, telles que les cloisonnements (couloirs de 4 m de large tous les 24 m pour le passage des machines), les ornières et les compactages du sol ont des conséquences à long terme sur cet écosystème forestier complexe.
Pour ne pas compromettre la régénération de la forêt, les prélèvements doivent rester en dessous de ce que la forêt produit chaque année. 👉Là-dessus, notre association a établi le bilan des coupes de bois depuis 20 ans, en augmentation de 15% sur la dernière décennie :
Il est également important de connaitre la valorisation du bois coupé.
Selon les forestiers, en 2023, environ 40% du bois à Verrières est transformé en bois énergie, 30% en bois d'industrie (papier, cagette, pellets) et le reste en bois d’œuvre (chiffre non communiqué).
En Ile-de-France, le bois énergie présente des risques pour la santé publique (facteur de cancers et de maladies respiratoires), et il accroît les émissions de carbone et de particules fines. Sa combustion comparée à celle du gaz naturel émet 2 fois plus de carbone.
En Ile-de-France, le bois énergie présente des risques pour la santé publique (facteur de cancers et de maladies respiratoires), et il accroît les émissions de carbone et de particules fines. Sa combustion comparée à celle du gaz naturel émet 2 fois plus de carbone.
Auparavant issu de sous-produits de bois de faible qualité (branchages, sciures, copeaux), l'usage du bois énergie est désormais responsable de la coupe d'arbres entiers qui seront brulés (voir photo ci-dessous).
Utiliser le bois comme une source d’énergie réduit la capacité de la forêt à agir comme un puits de carbone, et accentue le réchauffement climatique. Car la neutralité carbone de la combustion du bois n’est vraie qu’à l’issue des 60 à 80 ans que met un arbre à pousser. Avec l’accélération du dérèglement climatique, avons-nous encore le temps ?
En résumé, derrière les discours bien polis, il est essentiel de repenser les priorités et les pratiques de gestion forestière dans les forêts domaniales d’Ile-de-France. L'urgence climatique, l'urbanisation croissante et la hausse de la récolte de bois menacent son équilibre. Le risque qu’elles deviennent émettrices de carbone d'ici quelques années n’est pas écarté : dans les régions du Grand-Est, les Hauts de France et la Corse, c’est déjà le cas.
Un plaidoyer pour les forêts franciliennes
Des associations de défense des forêts se sont fédérées en rédigeant un plaidoyer pour les forêts de l’Île-de-France.
Des associations de défense des forêts se sont fédérées en rédigeant un plaidoyer pour les forêts de l’Île-de-France.
Parce que la forêt publique est un patrimoine commun, nous devons la préserver. Ensemble, exigeons des mesures concrètes pour la sauvegarder. Ensemble, signons le plaidoyer ! https://www.change.org/SauvegardonsForetsIDF
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