Le 6 mars, l'ONF Paris-Ouest organisait une tournée forestière dans la forêt de Verrières, en présence de FNE-IDF et FNE National, la présidente des Amis du Bois de Verrières et Jean-Claude Denard de Chaville Environnement.
Cette rencontre a permis de poursuivre le dialogue initié avec Mme Borzeix le 12 février dernier, mais reste insuffisante pour aborder l'ensemble des problématiques de gestion de cette forêt. En effet, la visite de trois parcelles ne permet pas d'appréhender pleinement les enjeux écologiques et sociaux de ce massif forestier.
Les impacts d'une gestion mal adaptée
La gestion forestière n’est pas vertueuse par nature. Certaines pratiques, telles que la surexploitation, la compaction des sols, les coupes rases, peuvent dégrader l’écosystème forestier pendant plusieurs décennies. La forêt domaniale de Verrières est incluse dans le site classé de la "Vallée de la Bièvre et des étangs de Saclay", un territoire reconnu pour la richesse de son patrimoine naturel et paysager. Toutes les allées sont très fréquentées, les paysages doivent faire l'objet d'une attention particulière (extrait du plan d'aménagement 2004/2023).
Les cloisonnements forestiers, couloirs de 4 mètres de large espacés tous les 24 mètres, censés protéger les sols, entraînent en réalité une fragmentation de la forêt et une compaction du sol, estimées entre 17 % et 25 % — voir plus dans certains cas lorsqu’ils sont à des intervalles de 15 m comme récemment à Verrières. Au-delà des ornières profondes, du compactage et du scalpage du sol, ces pratiques peuvent affecter des zones plus vastes, rendant les arbres plus vulnérables au vent, à la sécheresse et aux canicules, et perturbant la vie microbienne du sol. Ces cloisonnements peuvent dégrader les zones sensibles, notamment sur le plateau, autour des mares et de leurs abords (parcelle visitée), déjà soumises à une hydromorphie importante. 400 ha de la forêt de Verrières sont sensibles au tassement et des mesures particulières doivent s’imposer (extrait du plan d'aménagement 2004/2023). 🔗 Lire notre article sur les cloisonnements.
👉 Plutôt que de chercher à adapter la forêt, il serait plus sage de chercher à adapter les pratiques pour améliorer sa résistance et sa résilience. Ils existent des méthodes permettant de récolter du bois sans détruire la forêt, comme le débardage par câble-mât ou à cheval, utilisé en février 2024 à Darnétal par l’ONF : https://search.app/T9XQ9dWdteiVphZe7.
👉 Plutôt que de chercher à adapter la forêt, il serait plus sage de chercher à adapter les pratiques pour améliorer sa résistance et sa résilience. Ils existent des méthodes permettant de récolter du bois sans détruire la forêt, comme le débardage par câble-mât ou à cheval, utilisé en février 2024 à Darnétal par l’ONF : https://search.app/T9XQ9dWdteiVphZe7.
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Cloisonnements et compaction du sol durant les travaux hiver 2024/2025, sur sol sensible au tassement |
L’analyse des cycles de gestion passés (1991-2024) révèle que les volumes prélevés ont toujours dépassés les prévisions, avec +44 % de coupes entre 1991 et 2005 (tempête Lothar) et +9 % entre 2004 et 2024 (coupes accidentelles), alors que même l’accroissement des arbres diminuait. Cette hausse des prélèvements a conduit à un bilan à peine inférieur à l’accroissement biologique de la forêt sur la période 2005/2024 (voir image). Le changement climatique et le ralentissement de la croissance des arbres en augmentation devraient conduire à réduire les récoltes. Pourtant, dans son nouveau plan de gestion (2025-2044) de la forêt de Verrières, l’ONF prévoit d’augmenter fortement les prélèvements, atteignant 100% de la production annuelle.
👉 Une gestion plus prudente devrait pourtant s’imposer. Prélever plus de bois, c’est empêcher la forêt d’atteindre une certaine maturité ce qui lui permettrait pourtant d’abriter plus de biodiversité, de stocker plus de carbone et de fournir plus de bois utilisable en bois d’œuvre – contrairement à l’exploitation actuelle, qui favorise majoritairement le bois-énergie. Des données évolutives sur la biodiversité avec une planification d’actions, de relevés et d’analyses scientifiques devrait être intégrées dans la gestion forestière pour protéger et restaurer les écosystèmes, afin d’inverser la trajectoire du déclin de la biodiversité.
Le nouveau plan de gestion (2025-2044) reconnaît
la fonction sociale de la forêt et fixe plusieurs priorités :
préservation des paysages et de l’ambiance forestière, protection des
sols et de la biodiversité, conservation de 1 arbre mort par hectare et
de 2 arbres-habitats vivants par hectare. Toutefois, pour garantir un
véritable accueil de la biodiversité, ces engagements restent en deçà
des recommandations de l'IBP, qui préconise la présence de trois gros
arbres morts sur pied, trois gros arbres morts au sol et de nombreux
habitats sur les arbres vivants.
L'impact des infrastructures et la question des compensations
Depuis 50 ans, la forêt de Verrières subit un morcellement continu, notamment sous l’effet des infrastructures. L’autoroute A86 (1973-1978) a amputé 24 hectares créant une coupure entre Châtenay-Malabry et Verrières le Buisson, et le tracé du Tram 10 a encore réduit sa surface de 3,5 hectares, sans compensation de proximité, en contradiction avec la séquence Éviter-Réduire-Compenser (ERC). Aujourd’hui, sur 563 hectares, 30 hectares (5%) sont occupés par les emprises au sol : 42 km de routes et chemins, 7 parkings, maisons forestières, centre équestre, ex CNRS, réseaux haute tension, etc, auxquels s’ajoutent désormais les cloisonnements forestiers (20-25%) entraînant une perte de plus d’un quart de la continuité forestière.
Depuis 50 ans, la forêt de Verrières subit un morcellement continu, notamment sous l’effet des infrastructures. L’autoroute A86 (1973-1978) a amputé 24 hectares créant une coupure entre Châtenay-Malabry et Verrières le Buisson, et le tracé du Tram 10 a encore réduit sa surface de 3,5 hectares, sans compensation de proximité, en contradiction avec la séquence Éviter-Réduire-Compenser (ERC). Aujourd’hui, sur 563 hectares, 30 hectares (5%) sont occupés par les emprises au sol : 42 km de routes et chemins, 7 parkings, maisons forestières, centre équestre, ex CNRS, réseaux haute tension, etc, auxquels s’ajoutent désormais les cloisonnements forestiers (20-25%) entraînant une perte de plus d’un quart de la continuité forestière.
Concernant les mesures de compensation, la création de la mare visitée dite de « compensation » (parcelle 118) résulte d’une coupe d’arbres
faite ailleurs pour compenser le tracé du T15, par une autre coupe
d’arbres dans la forêt de Verrières. Elle ne constitue donc pas une
véritable compensation et encore moins un gain écologique, pourtant stipulé par la loi du 08-08-2016, mais d’un simple déplacement d’impact dans un espace naturel déjà existant. 🔗 Lire notre article sur la mare de compensation.
Transparence et reconnaissance des services écosystémiques
La communication des informations de gestion doit être améliorée. L’ONF fournissait auparavant les volumes coupés, une pratique que nous demandons à voir maintenue. Les volumes vendus ne donnent pas la récolte totale, car ils n’incluent ni les branchages ni les bois laissés sur place, bien qu’ils aient été coupés. De plus, le conditionnement de la transmission du plan de gestion à la signature ministérielle est inacceptable. Nous ne pouvons accepter un délai de plusieurs années (3 ans pour la forêt de Meudon), retardant inutilement l'accès à ces documents essentiels.
Les forêts domaniales d’Île-de-France couvrent 72 500 hectares, au cœur d’une région densément peuplée (12 M d’habitants). Elles accueillent chaque année 110 millions de visites, dont 2 millions* rien qu’à Verrières (*enquête Credoc 1999) ce qui témoigne de leur importance sociale et environnementale.
Les forêts domaniales d’Île-de-France couvrent 72 500 hectares, au cœur d’une région densément peuplée (12 M d’habitants). Elles accueillent chaque année 110 millions de visites, dont 2 millions* rien qu’à Verrières (*enquête Credoc 1999) ce qui témoigne de leur importance sociale et environnementale.
Elles fournissent des services essentiels (récréation, séquestration du carbone, qualité de l’air et de l’eau, biodiversité). Pourtant, ces contributions ne bénéficient d’aucun financement spécifique. Le Contrat d’Objectif et de Performance (COP) prévoit pourtant le développement de partenariats pour rémunérer ces multiples services, une opportunité que l’ONF pourrait valoriser en lien avec les enjeux environnementaux et sociaux propres aux forêts urbaines en Île-de-France. L’article L212-2 du Code forestier précise par ailleurs que l’amélioration du cadre de vie constitue une priorité pour les forêts très fréquentées.
Un appel à un véritable dialogue
Nous espérons que FNE-IDF, en cohérence avec son texte Ambition pour des forêts vivantes en Île-de-France, maintiendra un dialogue ouvert avec l’ensemble des acteurs concernés, en favorisant la transparence des informations de gestion et en portant une véritable réflexion de terrain sur la gestion forestière des forêts domaniales, à forte fréquentation.
Nous poursuivrons nos actions pour veiller à ce que ces engagements soient réellement appliqués et que la gestion de la forêt de Verrières évolue vers un modèle plus respectueux de l’environnement et plus participatif.